Tous ensemble pour juger, soutenir et guider les outils que nous utilisons quotidiennement.

Une profession essentielle et dévouée


Au 1er janvier 2017, nous étions 116 100 médecins libéraux en France, dont 60 900 médecins généralistes et 55 200 d’autres spécialités.

Nous sommes donc nombreux, mais la charge de travail augmente pour un nombre de médecins libéraux qui diminue et vieillit, nous traitons des cas de plus en plus « complexes », et la profession, dans son ensemble, ne va pas si bien puisque près de la moitié d’entre nous déclare ressentir des signes de burn-out.

Depuis de nombreuses années, nous subissons les choix de politique de santé, et continuons à négocier nos avenants conventionnels pour éviter de perdre petit à petit notre indépendance, que nous considérons encore garante de notre qualité de service. Pourtant cette sensation d’avoir toujours un petit train de retard sur la Sécu, la Mutualité, les « marchés », persiste…

En pleine transformation numérique

Notre métier a bien changé. Même les jeunes générations n’exercent plus aujourd’hui de la même façon que lorsqu’elles ont commencé leur activité il y a quelques années seulement.

Depuis l’apparition de l’informatique, ces changements accélèrent et transforment le cœur même de notre pratique : de la disparition des dossiers papier avec leur numérisation au sein de « logiciels métier », à l’apparition d’aides à la décision et à la prescription, la télétransmission, la conservation de nos données dans le « cloud », et plus récemment les messageries sécurisées et la télémédecine !

En dehors de quelques résistants, la grande majorité d’entre nous a pris le train du numérique, certains passionnément, d’autres contraints et forcés pour ne pas rester à quai.

Et en effet, grâce à ces nouveaux outils, c’est toute notre pratique quotidienne qui est bouleversée. Ils nous rendent souvent plus efficients, parfois plus efficaces, la qualité globale des soins s’améliore, mais une certaine dépendance à leurs égards peut s’installer. Ils sont parfois bien aboutis, adaptés et nous aident, et parfois le sont moins, nous font pester, perdre du temps ou des informations mal hiérarchisées.

Mais la transition numérique n’est pas simple pour tout le monde. Et même pour ceux qui sont de la génération dite des « millenials », le choix du bon outil pour sa façon de pratiquer n’est pas forcément évident.

Avec des outils pensés par autrui

Ils sont d’ailleurs trop nombreux pour tous les connaître. Nous les choisissons le plus souvent grâce au bouche-à-oreille, via un site communautaire, au hasard d’une présentation sur un salon ou poussés par un syndicat. Certains d’entre nous ont cédé à de belles promesses, ont trouvé leur perle rare – ou leur choix par défaut – après une revue exhaustive de l’existant, quand d’autres n’ont tout simplement jamais eu le choix.

Seul hic : dans notre cas, les outils sont tellement complexes et omniprésents qu’en changer relève parfois de la mission impossible, d’autant plus que leur utilisation est enkystée dans nos petites habitudes. Cela prend du temps, de l’énergie, de l’argent, avec un risque de déstabilisation totale de notre pratique pendant la transition. Les éditeurs ne le savent que trop bien, et profitent d’autant plus de cette « résistance au changement » que notre isolement face à cette problématique rend la prise de décision encore plus complexe et anxiogène.

Quelle que soit la branche dans laquelle on travaille, tout professionnel vous le dira : il faut savoir choisir les bons outils pour travailler dans de bonnes conditions. Et en changer quand ils ne conviennent plus.

Et puis ces outils, qui les a créés ? Parfois un médecin en a été à l’origine, mais le plus souvent nous ne sommes qu’un « panel représentatif d’utilisateurs », qui donne tout au plus son avis sur une interface ou une fonctionnalité. Nous ne participons pas aux décisions stratégiques concernant les évolutions de nos propres outils, qui ne relèvent que des commerciaux, développeurs ou dirigeants des éditeurs. D'ailleurs les intérêts de ces derniers, au-delà de quelques formules marketing bien tournées, ne sont pas toujours d’améliorer nos conditions d’exercice. Plus récemment, certains se sont même autorisés à envahir physiquement nos salles d’attente pour nous promettre plus de visibilité, au détriment de notre liberté et de notre indépendance.

Que nous devons reprendre en main

Ces outils que nous avons choisi d’utiliser font partie de notre pratique, de notre quotidien. Mais ils ont également un impact sur notre patientèle, sur leur parcours de soins, sur notre réseau, sur les informations médicales que nous souhaitons conserver ou transmettre …

Donc par extension, les choix d’outils que nous faisons dans notre coin, au quotidien, sont structurants pour le système de santé dans son ensemble.

Et lorsque l’on réalise qu’on peut changer ses habitudes pour plus de confort, d’efficacité, de qualité, une remise en question de ses outils doit se faire, et si possible en gardant ces notions en tête.

Mais il est parfois difficile de changer ses habitudes, et nous ne savons que trop bien : ne le demande-t-on pas tous les jours à nos patients ? Et pour un médecin, où obtenir les bons conseils, les bonnes informations ? Qui pour nous pour nous aider à changer ? Le bouche-à-oreille, le commercial, une publicité ? Les URPS ? Nos syndicats ?

Nous-mêmes ?

Pour le bien de toute la profession

Au 1er janvier 2017, nous étions 116 100 médecins libéraux en France, dont 60 900 médecins généralistes et 55 200 d’autres spécialités.

Nous sommes nombreux, nous ne sommes pas avares d’idées, alors pourquoi ne pas s’organiser pour recenser les outils que nous utilisons, rechercher à savoir pourquoi ils sont bons ou pas pour nous, si leurs intérêts sont en corrélation avec les nôtres ? Pourquoi ne pas les noter, les guider, les soutenir ? Ne peut-on pas créer un « laboratoire » des outils numériques pour aider nos consœurs et frères à faire les bons choix pour leur exercice, leur pratique, leur quotidien ?

Et pourquoi pas, un jour, (re)devenir propriétaires de nos outils ?

N’oublions pas que notre métier c’est en grande partie d’aider les patients à faire les bons choix, en leur apportant les bonnes informations.

Montrons-leur que nous savons faire les nôtres.

100 000 Médecins.org